Page:Poésies de Schiller.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

interrompu, brisé par une mort prématurée.

Schiller débuta dans la carrière littéraire, à l’âge de seize ans, par une ode intitulée le Soir. Le rédacteur du Magasin de Souabe, qui la publia, y joignit une note dans laquelle il disait que l’auteur de cette pièce prouvait qu’il avait étudié les bons modèles. Tout, dans ses vers, indiquait en effet une lecture assidue, une étude sérieuse, mais servile, de Klopstock. C’était une hymne religieuse où se révélait déjà la nature tendre, sentimentale de Schiller qu’il a mainte fois manifestée dans ses autres œuvres :

« Maintenant, s’écriait-il, l’esprit du poëte s’exhale en chants divins ! Laisse, Seigneur, couler ces chants de mon cœur ému ; laisse mon inspiration prendre l’essor hardi qui doit aller jusqu’à toi, qui doit m’emporter avec un sentiment céleste par delà les sphères, et me faire louer le soir et le Dieu du soir. Pour les rois, pour les grands, ce sentiment n’est rien, il n’agit que sur l’âme modeste. Ô Dieu ! donne aux autres les biens de ce monde ; à moi la nature, à moi les poétiques chansons ! »

La seconde pièce, que Schiller publia en 1777, annonçait encore moins de pureté, de goût que d’inspiration naïve. Elle avait pour titre : Le