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Page:Poésies de Schiller.djvu/133

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images infidèles se détournèrent de lui et s’enfuirent l’une après l’autre. Le bonheur s’évanouit, la soif du savoir fatigua vainement son âme altérée, et les sombres nuages du doute s’étendirent sur le soleil de la vérité.

Je vis les saintes couronnes de la gloire profanées sur des fronts vulgaires, et en quelques instants, hélas ! après un rapide printemps, les belles heures de l’amour disparurent ; et il se fit de plus en plus un grand silence sur le rude sentier du pèlerin solitaire. À peine une pâle lueur d’espérance éclairait-elle encore son horizon sombre.

Après avoir perdu toute ma joyeuse escorte, que m’est-il resté dans mes regrets ? Que m’est-il resté pour me consoler, pour me conduire à ma dernière demeure ? C’est toi qui guéris toutes les blessures, douce et tendre main de l’amitié ; toi qui partages avec affection le fardeau de la vie ; toi que j’ai cherchée dès mon jeune âge et que j’ai trouvée !

Et toi qui t’unis facilement à l’amitié, qui apaises comme elle les orages de l’âme, amour du travail, qui jamais ne se lasse, qui produit lentement, mais sans relâche ; qui, pour l’édifice éternel, n’apporte, il est vrai, qu’un grain de sable après un grain de sable, mais qui efface de la grande dette du temps les minutes, les jours, les années !