Page:Poésies de Schiller.djvu/140

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jouisse donc et qu’il chante celui qui a conservé la vie.

La guerre emporte les meilleurs. Nous penserons toujours à toi, ô notre frère ! à toi qui étais la forteresse des Grecs, à toi qui t’élevais comme une tour dans les combats. Quand nos navires étaient enflammés, notre salut fut dans ton bras. Mais la plus belle récompense échut à l’homme fin et habile. Paix à tes mânes sacrées ! ce n’est pas l’ennemi qui t’a vaincu. Ajax est tombé par la force d’Ajax. Le courroux perd les meilleurs.

Néoptolème offre une libation de vin au Dieu puissant, au Dieu créateur. De toutes les destinées de la terre, c’est la tienne, ô père ! que j’estime le plus. De tous les biens de la vie, la gloire est le plus grand. Quand le corps tombe en poussière, un nom illustre ne meurt pas. La renommée de ton courage subsistera éternellement dans les chants. L’existence terrestre passe, l’honneur des morts reste.

Puisque nul ne parle de celui qui a été vaincu, s’écrie le fils de Tydée, moi je veux parler d’Hector : il a combattu pour sa patrie et pour ses Dieux ; l’honneur fut sa couronne, le noble but qu’il poursuivait le glorifie : l’ennemi doit savoir rendre hommage à celui contre lequel il a combattu, et qui défendait ses Dieux et ses foyers.