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MÉLANCOLIE.



À LAURA.


Laura, le rayon du soleil levant brille dans tes regards, un sang de pourpre colore tes joues et le ravissement fait tomber comme des perles les larmes de tes yeux. Celui qui a vu cette douce rosée qui, à travers les larmes, contemple la Divinité, celui-là voit l’aurore apparaître à ses yeux.

Ton âme, pure et riante comme le cristal de l’onde, change en un jour de printemps mon pâle automne. Le désert, silencieux et sombre, s’égaye à ton aspect ; les nuages obscurs de l’avenir se dorent par ta puissance ; tu souris aux harmonies de ce monde, et moi je les pleure. L’empire de la nuit n’a-t-il déjà pas enseveli les monuments de la terre ? Nos palais superbes, nos villes splendides s’élèvent sur des ossements modernes ; les œillets puisent leur doux parfum dans la corruption, et la source d’eau limpide tombe d’une sépulture humaine.