Page:Poésies de Schiller.djvu/176

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jeunesse s’effeuiller, tes douces lèvres pâlir, tes joues, aux suaves contours, altérées par les hivers, voilées par les sombres années, je vois la source de ton printemps couverte d’un nuage sombre, alors Laura n’aimera plus et Laura ne sera plus aimable.

Jeune fille, ton poëte reste ferme comme le chêne, le dard impuissant de la mort s’émoussera sur le roc de ma jeunesse. Mes regards seront plus ardents, mon esprit plus audacieux.

Tu tressailles, Laura, ton cœur bat violemment : apprends donc, jeune fille, que ce bonheur dont je parle, que ce calice où je respire un arôme divin est empoisonné. Malheureux ! malheureux sont ceux qui osent faire jaillir de la poussière l’étincelle céleste. Ah ! la plus grande harmonie brise l’instrument, et cette flamme éthérée, que l’on appelle génie, ne s’entretient que des rayons de la vie.