Page:Poésies de Schiller.djvu/199

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Si l’ordre disparaissait du monde des esprits, la mort les glacerait : sans l’amour point de printemps, sans l’amour nul être ne loue Dieu.

Lorsque ma Laura m’embrasse, qu’est-ce qui répand cette flamme de pourpre sur mes joues ? qu’est-ce qui accélère les mouvements de mon cœur et jette la fièvre dans mon sang ?

Les désirs franchissent toutes les limites, le sang bouillonne dans ses artères, les corps veulent s’unir aux corps, les âmes brûler d’une même ardeur.

L’amour entoure, comme dans un tissu d’Arachné, le mouvement éternel de la création, et y règne par sa toute-puissance.

Vois ! Laura : la joie calme par un embrassement la douleur impétueuse, et le désespoir muet se console par les tendres regards de l’espoir.

La volupté adoucit, tempère les ténèbres de souffrance, et le regard, animé par l’amour, reflète l’éclat du soleil.

Une sympathie terrible ne règne-t-elle pas aussi dans l’empire du mal ? nos vices s’accordent avec l’enfer et sont en lutte avec le ciel.

Les Euménides donnent au péché la honte et le repentir et des couronnes de vipères. Dans les airs le danger se joint traîtreusement au vol de l’aigle.