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LES QUATRE ÂGES DU MONDE.

Le vin de pourpre étincelle dans les coupes ; l’œil des convives pétille ; le poëte s’avance et ajoute par sa présence au bonheur de chacun, car sans la lyre il n’y aurait, dans les régions célestes où l’on sert le nectar, qu’une joie vulgaire.

Les Dieux lui ont donné le clair miroir du cœur, où le monde entier se reflète. Il a vu tout ce qui arrive sur la terre et tout ce qui est caché sous le sceau de l’avenir. Il a assisté aux plus anciens conseils des Dieux, et il a entendu le mouvement du germe le plus secret des choses.

La vie se déroule dans toute son étendue, riante et splendide à ses yeux. Il fait un temple de la maison terrestre que la Muse lui a donnée. Nul toit n’est si bas, nul cabane si petite qu’il ne puisse y attirer un ciel rempli de Divinités.

Et de même que l’enfant ingénieux de Jupiter représentait avec un art divin, sur les simples contours d’un bouclier, la terre, la mer, les astres ; de même