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Page:Poésies de Schiller.djvu/213

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champs empourprés, sur ces paisibles réseaux de feuillage. L’amour, dans son bonheur, évite les oreilles curieuses, il fuit la lumière importune, la discrète étoile du soir peut seule être sa confidente.

N’ai-je pas entendu là-bas un léger bruit pareil au murmure d’une voix ? Non, c’est le cygne qui se promène en cercle sur l’eau limpide.

Une douce harmonie résonne dans l’air, l’eau de la source jaillit avec un agréable murmure, la fleur s’incline sous les baisers de la brise, je vois tous les êtres de la nature ivres de volupté. La grappe de raisin se penche vers la pêche qui apparaît pleine et savoureuse derrière les feuilles, l’air imprégné de parfums aspire la chaleur de mes joues brûlantes.

N’ai-je point entendu des pas derrière le bosquet ? Non, c’est un fruit qui est tombé par sa propre pesanteur.

Les rayons du jour expirent doucement ; ses couleurs pâlissent ; déjà, au frais crépuscule s’épanouissent les fleurs qui redoutent l’ardeur du soleil. La lumière argentée de la lune apparaît ; tous les objets confondus se montrent par grandes masses paisibles, toutes les ceintures sont dénouées, toutes les beautés de la nature s’offrent nues à mon regard.

N’ai-je pas vu briller là-bas une robe blanche, un vêtement de soie ? Non, ce sont les colonnes dont la blancheur se détache sur la muraille sombre.