Page:Poésies de Schiller.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LES
POËTES DE L’ANCIEN TEMPS.

Dites, où sont-ils ces poëtes qui, par leurs paroles éloquentes, ravissaient les peuples attentifs ; qui, s’abandonnant à l’essor ardent de leur pensée, chantaient les Dieux du ciel et élevaient l’homme jusqu’au ciel ? Ah ! ils vivent encore ; mais il leur manque les grandes actions qui font vibrer la lyre ; hélas ! il leur manque une oreille attentive. Heureux poëtes d’un monde heureux, de bouche en bouche, de génération en génération, vos paroles se perpétuaient ; chacun recevait avec piété ce que le génie créateur lui dictait, comme on reçoit la parole d’un Dieu. L’ardeur du chant enflammait l’auditeur et l’ardeur de celui-ci soutenait l’enthousiasme du poëte ; elle le soutenait et le purifiait. Le poëte entendait retentir dans le peuple l’écho de ses chants ; il voyait dans la vie extérieure la Divinité que les poëtes aujourd’hui entrevoient à peine dans leur cœur.