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LE TRIOMPHE DE L’AMOUR.

C’est par l’amour que les Dieux sont heureux ; c’est par l’amour que les hommes ressemblent aux Dieux : l’amour rend le ciel plus beau et fait de la terre un séjour céleste.

Un jour, disent les poëtes, le monde fut formé derrière Pyrrha de quartiers de rocs, et les pierres se changèrent en hommes ; leurs cœurs étaient de roc et de pierre, la lumière du ciel n’éclairait point la nuit de leur âme.

Le doux Amour ne leur apportait point de guirlandes de roses, les tendres Muses ne les réjouissaient pas par l’harmonie de leurs chants.

Il n’y avait point d’amant pour tresser des couronnes de fleurs ; les printemps s’enfuyaient dans l’Élysée. On ne saluait point l’Aurore quand elle sortait du sein des mers, on ne saluait point le Soleil quand il se plongeait dans le sein des ondes.

Ces pauvres êtres erraient sous le poids d’un joug de fer, à la lueur pâle de la lune, et nulle douleur