Page:Poésies de Schiller.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA GRANDEUR DU MONDE.

À travers l’espace du globe que le Créateur fit sortir du chaos, je fuis avec la rapidité du vent jusqu’aux bords de l’Océan. Je jette l’ancre là où nul être ne respire, là où est placée la limite de la création.

J’ai vu les étoiles se lever et accomplir pendant des milliers d’années leur cours à travers le firmament ; je les ai vues courir, flotter vers leur but. Je promène mes regards errants autour de moi, et je vois l’espace vide d’étoiles ;

Je veux continuer mon vol dans l’empire de la nuit, je vais hardiment avec la rapidité de la lumière. Le ciel, de plus en plus sombre, disparaît derrière moi, et les globes et les ondes tourbillonnent à la suite du soleil. Par ce sentier solitaire un pèlerin s’avance vers moi : « Arrête, me dit-il, que cherches-tu ici ? ― Je veux aller jusqu’aux dernières rives du monde : là où nul être ne respire, là où est posée la limite de la création.