Page:Poésies de Schiller.djvu/246

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joyeux recherche la joie ; ce n’est pas le savant qu’ils favorisent de leurs apparitions, l’aveugle a vu l’éclat de leur magnificence ; ils choisissent l’âme simple, candide, et dans un vase modeste ils placent leurs présents divins ; ils arrivent près de celui qui ne les espère pas, et trompent l’attente orgueilleuse. Nulle conjuration ne peut les forcer à venir. Le père des hommes et des Dieux envoie son aigle vers celui qui lui plaît, et le fait monter dans les régions célestes ; il choisit librement dans la foule un front qui lui convient, et d’une main propice il y place le laurier et la couronne du souverain. Devant l’homme heureux marche Phébus, vainqueur de Python, et l’Amour qui dompte en souriant les cœurs. Devant l’homme heureux, Poséidon aplanit la mer, et conduit doucement la barque qui porte César et sa fortune. Au pied de l’homme heureux s’étend le lion, et le dauphin sort des vagues pour lui faire une place sur son dos. Ne t’irrite pas, lorsque tu vois l’homme heureux auquel les Dieux accordent si facilement la victoire, et que Vénus arrache au péril. Je porte envie à ceux qu’elle sauve ainsi, non point à ceux dont elle voile le regard. Achille est-il moins imposant parce qu’Éphestos a lui-même forgé son bouclier et son épée meurtrière ? parce que ce mortel met tout l’Olympe en mouvement ? Ce qui l’illustre, c’est que les Dieux l’ont aimé, qu’ils ont honoré sa colère, et que, pour augmenter la gloire de ce fa-