Page:Poésies de Schiller.djvu/255

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LA RENCONTRE.

Je la vois encore. Elle était là, au milieu de ces femmes, la plus belle de toutes ; elle était douce à contempler comme un riant soleil. Je la regardais de loin et n’osais m’approcher. Devant cet éclat majestueux j’éprouvais un effroi plein de délices ; mais, tout à coup saisi d’un transport nouveau, je fis résonner les cordes de la lyre.

Je cherche en vain ce que j’éprouvais, ce que je chantais alors. Je trouvais en moi un organe ignoré, qui exprimait les saintes émotions de mon cœur. Longtemps enchaînée, mon âme brisait tout à coup ses liens et faisait entendre les sons célestes et inespérés qui jusque-là dormaient dans mon sein.

Et lorsque ma harpe cessa de retentir, lorsque je revins à moi-même, je vis l’Amour sous des traits angéliques en lutte avec une sainte pudeur, et il me sembla que j’avais conquis le ciel, quand j’entendis ces douces et légères paroles (oh ! je le entendrai encore résonner dans le chœur des esprits célestes) :