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Page:Poésies de Schiller.djvu/278

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Jupiter.

Quoi ! ma bien-aimée, d’où vient ce ton de reproche ? Quel misérable a détourné de moi ton cœur ?

Sémélé.

Mon cœur fut consacré à celui que tu singes. Souvent les hommes apparaissent sous un masque divin pour tromper la femme. Va, tu n’es pas Jupiter.

Jupiter.

Tu doutes ! Sémélé peut-elle douter de ma divinité !

Sémélé, (avec douleur).

Si tu étais Jupiter ! Nul fils du néant ne doit toucher ces lèvres : mon cœur est consacré à Jupiter… Oh ! si tu étais Jupiter !…

Jupiter.

Tu pleures ! Jupiter est là, et Sémélé pleure ! (Il se prosterne.) Parle, exige, et la nature esclave va s’incliner tremblante devant la fille de Cadmus ! Ordonne, et les fleuves suspendront leur cours et, à un signe de ma toute-puissance, l’Hélicon, le Caucase, le Xanthe, l’Athos, le Mikale, le Rhodope, le Pinde, arrachés à leur base, vont descendre dans les vallées et sauter comme des flocons de neige dans les airs assombris ! Ordonne, et les vents du nord, de l’est, vont ébranler le trident tout-puissant, renverser le trône de Poséidon ; la mer renversera ses digues et ses rivalités, l’éclair scintillera dans la