Page:Poésies de Schiller.djvu/280

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Jupiter, (se lève).

Je le suis ! (Il étend la main : un arc-en-ciel brille dans la salle. La musique accompagne cette apparition.) Me connais-tu maintenant ?

Sémélé.

Puissant est le bras de l’homme, quand les Dieux le soutiennent. Saturne t’aime ; moi, je ne puis aimer que les Dieux.

Jupiter.

Tu doutes encore ! tu crois que mon pouvoir me vient des Dieux et non pas de moi ! Les Dieux, Sémélé, donnent aux hommes des forces bienfaisantes, mais ils ne leur donnent jamais la terreur de la puissance. La mort et la perdition sont le sceau de la divinité. Que par la mort Jupiter se révèle à toi ! (Il étend la main : tonnerre, flammes, fumée, tremblement de terre, musique.)

Sémélé.

Retire ta main… Oh ! grâce ! grâce pour le pauvre peuple ! Saturne t’a enfanté.

Jupiter.

Ah ! femme légère, faut-il donc, pour vaincre ton opiniâtreté, que Jupiter arrête le cours des astres et du soleil ? Jupiter le fera. Souvent un fils des Dieux a fait jaillir la flamme du sein des rochers ; mais sa force ne va pas jusqu’aux entrailles de la terre, ce pouvoir n’appartient qu’à Jupiter. (Il étend la main : le soleil disparaît. Nuit subite.)