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HÉRO ET LÉANDRE.

Voyez ce vieux château que les rayons du soleil éclairent sur les rives où les vagues de l’Hellespont se précipitent en gémissant contre les rocs des Dardanelles. Entendez-vous le bruit de ces vagues qui se brisent sur le rivage ? Elles séparent l’Asie de l’Europe, mais elles n’épouvantent pas l’amour.

Le Dieu de l’amour a lancé un de ses traits puissants dans le cœur de Héro et de Léandre. Héro est belle et fraîche comme Hébé ; lui parcourt les montagnes, entraîné par le plaisir de la chasse. L’inimitié de leurs parents sépare cet heureux couple, et leur amour est en péril. Mais sur la tour de Sestos que les flots de l’Hellespont frappent sans cesse avec impétuosité, la jeune fille est assise dans la solitude, et regarde les rives d’Abydos, où demeure son bien-aimé. Hélas ! nul pont ne réunit ces rivages éloignés, nul bateau ne va de l’un à l’autre ; mais l’Amour a su trouver son chemin, il a su pénétrer dans les détours du labyrinthe ; il donne l’habileté à celui qui est timide, il asservit à son joug les animaux