Page:Poésies de Schiller.djvu/67

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« Il n’est pas laid de figure, — continue Robert avec méchanceté, tandis qu’à chaque mot la sueur inonde le visage du comte. — Est-il possible, monseigneur, que vous n’ayez jamais remarqué qu’il n’a des yeux que pour elle ? À table il reste languissant derrière sa chaise, et ne s’occupe pas même de vous.

« Voyez ces vers qu’il a écrits et où il avoue son amour. — Il avoue ! — Et l’audacieux la conjure de l’aimer aussi. La noble comtesse, qui est si douce et si bonne, ne vous en a rien dit par pitié pour lui. Je me repens d’avoir laissé échapper ces paroles : car qu’allez-vous faire ? » —

Le comte, dans sa colère, pénètre au milieu d’un bois voisin, où l’on fond le fer dans une de ses forges. Là, matin et soir, les ouvriers entretiennent le feu d’une main active. L’étincelle jaillit, les soufflets sont en mouvement, comme s’il fallait vitrifier les rocs.

Là on voit réunie la puissance de l’eau et du feu. La roue, poussée par les flots, tourne sans cesse ; les rouages résonnent jour et nuit, le marteau tombe lourdement sur l’enclume, et le fer cède à ses coups répétés.

Il fait signe à deux forgerons et leur dit :

« Le premier messager qui viendra ici vous de-