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LE COMTE D’HABSBOURG.

À Aix-la-Chapelle, dans une salle antique, le roi Rodolphe est assis au banquet du couronnement, dans tout l’éclat de la splendeur impériale. Le palatin du Rhin apporte les mets, le prince de Bohême verse le vin pétillant, et les sept Électeurs, groupés autour de Rodolphe comme des étoiles autour du soleil, remplissent auprès du maître du monde leur office et leur charge.

Une foule joyeuse entoure le balcon élevé, les acclamations du peuple se mêlent au son des trompettes ; car, après une longue et fatale lutte, l’interrègne est enfin fini, la terre a retrouvé un juge ! C’en est fait de la puissance aveugle de l’épée ! l’homme paisible et l’homme faible ne craignent plus de devenir les victimes de la force brutale.

L’Empereur, prenant la coupe d’or et promenant autour de lui des regards satisfaits, dit aux assistants : « Voilà une belle fête, voilà un splendide festin, mon royal cœur doit en être satisfait ; mais je regrette de ne pas voir le chanteur qui amène avec