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nelles, et n’était pas sans y attacher du prix. Un petit homme de lettres qu’il en avait régalé mal à propos, par une nuit de gelée, lui en avait même fait, en 1853, des reproches rimés et publics.

Voici ce qu’on avait pu lire dans le Cœur et l’Estomac, de M. Alfred Asseline, poète déplorable, mais illustre débordé (Michel Lévy, in-18) :

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SUR DES VERS INÉDITS DE THÉOPHILE GAUTIER

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I


Après le ballet, arpentant l’asphalte,
Gautier nous a dit des vers indécents.
Le ciel était pur comme un ciel de Malte,
Et le vent du nord a glacé nos sens.

Gautier nous a dit, sous ce vent d’automne,
Sous le regard froid des astres d’argent,
Les vers sur les poix, l’ode à la Colonne,
Dont s’effraîrait même un ancien sergent.

J’admirais la forme et l’éclat bizarre
De ces vers taillés dans le marbre dur…
Mais, dis, que t’ont fait Paros et Carrare,
Jadis façonnés au goût le plus pur ?

Sculpteur, qu’ont-ils fait, pour qu’aux jours moroses,
Où le spleen te suit d’un pas diligent,
Tu fasses courir dans leurs veines roses
Le poison subtil de ton vif-argent ?