Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/148

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bien, pendant les deux nuits (non consécutives) où je demeurai éveillé, je vis clairement Mme Wyatt, vers onze heures, se glisser avec précaution hors de la cabine de son mari et entrer dans celle qui était restée inoccupée, où elle demeurait jusqu’au point du jour. À l’aube, l’artiste sortait l’appeler, et elle rentrait chez lui.

Il était clair que les Wyatt étaient virtuellement divorcés. Ils faisaient chambre à part, en attendant sans doute une séparation plus définitive. Et c’était là, après tout, pensai-je le mystère de la cabine surnuméraire.

Il se produisit encore d’autres circonstances qui me frappèrent beaucoup. Pendant mes deux nuits blanches, immédiatement après que Mme Wyatt s’était retirée dans sa cabine particulière, je fus surpris d’entendre certains bruits furtifs, faits en sourdine, qui partaient du carré de l’artiste. Après avoir prêté l’oreille quelque temps avec une attention réfléchie, je réussis enfin à me rendre parfaitement compte de leur nature. C’était le bruit que devait faire Wyatt en ouvrant la caisse oblongue, à l’aide d’un ciseau et d’un maillet, ce dernier enveloppé apparemment dans quelque substance de laine ou de coton qui en amortissait les coups.

Je m’imaginai pouvoir discerner le moment précis où Wyatt finissait de déclouer le dessus de la caisse. Je crus pouvoir déterminer celui où il l’ôta tout à fait et le déposa sur la couchette inférieure de sa chambre. Ce dernier mouvement, par exemple, je le reconnus à quelques légers bruits que faisait le couvercle en frappant les bords en bois de la couchette, quand Wyatt essayait