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Page:Poe - Contes grotesques trad. Émile Hennequin, 1882.djvu/250

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XLVI


LA MALIBRAN


Le goût le plus correct, la sensibilité la plus profonde lui ont prodigué les applaudissements enthousiastes. La gloire humaine dans tout ce qu’elle a de transportant et de délicieux, personne ne l’a mieux connue qu’elle, sinon la Taglioni. Que sont les adulations contraintes qui échoient aux victorieux ? Que sont même les mille hommages rendus à l’auteur populaire, sa renommée étendue, sa haute influence, les témoignages publics les plus flatteurs ? — devant cette adoration ravie qui s’adresse à la femme elle-même, devant ces applaudissements spontanés, soudains, présents, perçus, devant ces acclamations irrépressibles, ces larmes, ces soupirs éloquents que la Malibran idolâtrée a vus et entendus, tout en sentant combien elle en était digne. Sa courte carrière a été un songe splendide. Les nombreux et tristes intervalles, où elle a souffert, n’étaient qu’un souffle en balance de sa gloire.