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LE PHILOSOPHE BON-BON


Quand on avait passé le seuil de la petite maison qu’habitait notre philosophe, dans le Cul-de-sac Lefebvre, à Rouen, on apercevait une chambre profonde, basse de plafond, de construction antique. Dans un coin était le lit du métaphysicien. Un système de rideaux et un canapé à la grecque l’entouraient classiquement et confortablement. Dans l’angle opposé gisaient des livres. Une grande cheminée s’épandait vis-à-vis de la porte. À droite, dans une armoire entrebâillée, on découvrait un bataillon formidable de bouteilles étiquetées.

C’est dans ces lieux qu’une nuit, vers une heure, dans l’hiver de 17… Pierre Bon-Bon, ayant écouté quelque temps les propos de ses voisins et leurs allusions à ses singularités, les mit tous à la porte, poussa le verrou en tempêtant et se jeta de mauvaise humeur dans son vieux et commode fauteuil de cuir, près d’un feu de fagots flambant.