Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/103

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musique et qui semblaient mettre en joie le reste de la société.

En somme, je ne pus m’empêcher de penser que la scène et les acteurs portaient un cachet de bizarrerie ; mais, enfin, le monde est un amalgame de toutes sortes de gens, de toutes sortes d’idées, de toutes sortes de coutumes de convention. D’ailleurs, j’avais assez voyagé pour appartenir à l’école du nil admirari ; je m’installai donc tranquillement à la droite de mon hôte, et comme je jouissais d’un excellent appétit, je fis honneur à la bonne chère étalée devant moi.

Cependant la conversation s’animait et devenait générale. Les dames, selon leur coutume, parlèrent sans relâche. Je ne tardai pas à voir que la plupart des convives ne manquaient pas de distinction ; mon hôte ne tarissait pas en anecdotes humoristiques. Il paraissait tout disposé à parler de sa position comme directeur de la maison ; je m’aperçus même, non sans surprise, que la folie était pour mon entourage un sujet d’entretien favori.

« Nous avons eu chez nous, me dit un gros petit bonhomme assis à ma droite, un pauvre diable qui se figurait être une théière. À propos, n’est-il pas fort étrange que cette idée-là s’empare de tant de malades ? Il existe à peine en France une maison d’aliénés où l’on ne soit sûr de rencontrer