avait Bouffon-Legrand, caractère non moins excentrique à sa façon. Devenu fou par amour, il se figura qu’il avait deux têtes, dont l’une était celle de Cicéron, tandis que l’autre appartenait à l’ordre composite, représentant, depuis le front jusqu’à la bouche, celle de Démosthène, et, depuis la bouche jusqu’au menton, celle de lord Brougham. Il est possible qu’il se soit trompé ; mais il vous aurait convaincu qu’il avait raison ; car c’était un garçon d’une éloquence prodigieuse. L’art oratoire lui inspirait une passion si effrénée qu’il ne pouvait résister à l’envie de prononcer des discours. Après dîner, par exemple, il sautait sur la table et… et… Vous allez voir. »
Ici le voisin de l’orateur lui posa la main sur l’épaule et lui dit quelques mots à l’oreille ; sur ce, l’autre se tut tout à coup et se laissa retomber sur sa chaise.
« Et puis, reprit celui qui venait d’agir de la sorte, il y avait Boulard le Tonton. Je l’appelle le tonton, parce qu’en effet, il était possédé de l’idée fort amusante, sinon absolument déraisonnable, de se croire métamorphosé en tonton. Cela vous aurait fait pouffer de rire de le voir tournoyer. Il pirouettait pendant des heures entières, comme ceci… »
L’ami qu’il avait interrompu en lui parlant à