rôla les autres pensionnaires dans une conspiration qui avait pour but de renverser les pouvoirs établis.
— Et il y réussit ?
— Sans aucun doute. Gardiens et gardés eurent bientôt changé de rôle. Ce n’est pas tout à fait changé, non plus, qu’il faut dire, — car les fous avaient conservés une grande liberté, tandis que les ex-surveillants furent enfermés dans des cellules, où ils se virent traités, — je regrette de l’avouer, — d’une façon très-cavalière.
— Mais je présume qu’on ne tarda guère à effectuer une contre-révolution ? Un pareil état de choses n’a pu durer ? Les villageois des environs, les visiteurs désireux d’inspecter la maison ont bientôt dû sonner l’alarme ?
— Vous vous trompez. Le chef des rebelles était trop fin pour cela. Il n’admit aucun étranger, sauf, un jour, un tout jeune homme qui n’avait pas l’air d’avoir inventé la poudre, et dont il n’avait nulle raison de se défier. Il lui laissa voir le château, afin de rompre la monotonie de sa retraite, et aussi pour s’amuser un peu aux dépens de l’intrus. Dès qu’il eut suffisamment mystifié le pauvre garçon, il lui ouvrit la porte et l’envoya promener.
— Et combien de temps dura donc le règne des fous ?