Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/155

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ment à ma disposition, j’arrive enfin au fait qui représente la moelle de cette histoire.

Il se trouvait, — ainsi le voulut le sort, — parmi les amis maritimes de ma fiancée, deux gentlemen qui venaient de débarquer en Angleterre après un voyage à l’étranger qui avait duré une année. Or, un certain dimanche soir, 10 octobre, trois semaines après la mémorable et cruelle décision qui nous désespérait, ma cousine et moi, non sans nous être entendus au préalable, nous entrâmes chez mon oncle Drolgoujon en compagnie de ces deux messieurs. Pendant un quart d’heure environ la conversation roula sur la pluie ou le beau temps ; mais enfin nous parvînmes, sans avoir l’air de rien, à donner à l’entretien la direction suivante :

Le capitaine Pratt. — Tiens ! tiens ! savez-vous que mon absence a duré juste une année ?… Mais oui, un an, jour pour jour. C’est aujourd’hui le 10 octobre et vous vous rappelez, Drolgoujon, que je suis venu vous faire mes adieux le jour même de mon départ. À propos, voyez donc comme ça se rencontre ! le voyage de notre ami, le capitaine Smitherton, a aussi duré une année, jour pour jour.

Smitherton. — C’est vrai, il y a juste un an que je suis parti. Vous vous souvenez, monsieur Drolgoujon, que je suis venu avec le capitaine Pratt