Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/191

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dame Lalande, de la riche, de la belle madame Lalande, que tout le monde idolâtrait. Ses yeux, ses yeux superbes, n’avaient pas donné un démenti à son cœur. En véritable Française qu’elle était, elle obéissait aux conseils de sa raison, aux généreuses impulsions de sa nature, — elle méprisait les prudences de convention. Elle ne repoussait pas mon offre. Elle ne s’abritait pas derrière un silence dédaigneux. Elle ne me renvoyait pas ma lettre sans la décacheter. Elle m’avait même adressé une réponse tracée par ses doigts de fée et ainsi conçue :

« Monsieur Simpson me pardonnera de ne pas écrire la belle langue de son pays aussi bien que je le voudrais. Il n’y a que quelque temps que je suis arrivée en Amérique, et je n’ai pas encore eu l’occasion de l’étudier.

« Cette excuse expliquera le laconisme de ma réponse… J’ajouterai, hélas ! que monsieur Simpson n’a deviné que trop juste. Dois-je en dire davantage ?… N’en ai-je pas trop dit déjà ?

« Eugénie Lalande. »

Je baisai un million de fois cette lettre, qui respirait de si nobles sentiments et qui me fit sans doute commettre une foule de folies dont je ne