Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/194

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deux cœurs étant pleins jusqu’à déborder, nous causâmes longuement et sans réserve de notre amour.

Comme madame Lalande parlait la langue anglaise avec encore moins de facilité qu’elle ne l’écrivait, l’entretien eut nécessairement lieu en français. Ce fut dans ce doux idiôme, si bien fait pour exprimer la passion, que je donnai un libre cours à l’enthousiasme impétueux de mon caractère. Avec toute l’éloquence que je pus appeler à mon aide, je la suppliai de consentir à notre union immédiate.

Mon impatience lui arracha un sourire. Elle mit en avant cette antique barrière des convenances, ce cauchemar qui s’élève trop souvent entre nous et le bonheur, jusqu’au jour où le moment d’être heureux s’est enfui à jamais. J’avais été assez indiscret, me dit-elle, pour parler à mes amis du vif désir que j’éprouvais de lui être présenté ; — on savait donc que je ne la connaissais pas, — donc, nous ne pourrions cacher l’époque de notre première rencontre. Puis, elle fit allusion, non sans rougir un peu, à la date si récente de cette rencontre. Se marier tout de suite serait inconvenant, — ce serait braver les lois de l’étiquette, — ce serait outré. Elle formula ces objections avec une charmante naïveté, qui me ravit, tout en me