Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/203

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— Parlez ! m’écriai-je avec une énergie qui faillit nous faire remarquer des visiteurs, dont la présence seule m’empêchait de me jeter aux pieds de madame Lalande. Parlez ! ma bien-aimée, mon Eugénie ! Tout ce que vous pourrez me demander est accordé d’avance !

— Dans ce cas, mon ami, vous tâcherez de vaincre, pour complaire à cette Eugénie que vous aimez, la petite faiblesse que vous m’avez avouée en dernier lieu, — une faiblesse plutôt morale que physique, — qui, permettez-moi de vous le dire, s’accorde mal avec la noblesse de votre nature, avec la candeur innée de votre caractère, et qui, si vous ne cherchez pas à la contrôler, vous attirera tôt ou tard quelque mauvaise affaire. Vous vaincrez, pour l’amour de moi, cette affectation qui, ainsi que vous le reconnaissiez vous-même, vous pousse à nier, d’une manière tacite ou implicite, la faiblesse de votre vue. Car vous niez virtuellement cette infirmité en refusant d’avoir recours au remède habituel. Vous saurez donc que je désire vous voir porter des lunettes — Ah ! chut ! vous avez déjà consenti à les porter pour l’amour de moi. Vous accepterez donc ce petit bijou que je tiens en ce moment à la main et qui, bien que d’une efficacité admirable contre la faiblesse des yeux, n’a vraiment pas une immense valeur intrin-