Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/26

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pieds, le seul qu’on aperçût, semblait à peine effleurer le sol, et derrière elle, presque invisibles dans la brillante atmosphère qui semblait envelopper et diviniser sa beauté, flottaient deux ailes aussi délicates, aussi légères qu’il est possible d’imaginer. Après avoir contemplé ce portrait, je jetai de nouveau les yeux sur le visage de mon compagnon, et les paroles du poëte Chapman, dans son Bussy d’Amboise, me vinrent aux lèvres :


Il se tient là,
Comme une statue romaine ! Il ne bougera pas
Avant que la Mort l’ait transformé en marbre !


« Allons ! s’écria-t-il en se tournant vers une table d’argent massif, richement émaillée, où l’on voyait des coupes aux couleurs bizarres et deux vases étrusques d’une forme peu commune, pareils à celui que l’artiste avait représenté au premier plan du portrait de la marquise Aphrodite, et remplis, à ce qu’il me sembla, de vin de Johannisberg. Allons ! s’écria-t-il tout à coup. Buvons ! Il est de bonne heure ; mais buvons néanmoins !… Oui, en vérité, il est encore de très-bonne heure, répéta-t-il d’un ton rêveur, tandis qu’un chérubin, armé d’un marteau d’or, frappait sur un cadran pour annoncer la première heure après le lever du soleil. N’importe ! Offrons une libation à ce