Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/297

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nuit-là mon sentier solitaire jusqu’au seuil de ma demeure, ils ne m’ont pas quitté depuis (comme ont fait mes espérances). Ils me suivent, — ils me guident à travers les années. Ils sont mes ministres, et pourtant je reste leur esclave. Ils ont charge d’illuminer et d’embraser, — mon devoir à moi est de profiter de leur vive clarté pour faire mon salut, — de me purifier à leur flamme électrique, — de me sanctifier à leur foyer élyséen. Grâce à eux, la Beauté (qui est aussi l’Espoir) remplit mon âme ; ils brillent bien haut dans le ciel ; — ce sont les étoiles devant lesquelles je m’agenouille dans les tristes et silencieuses veilles de ma nuit ; tandis que, même dans l’éclat méridien du jour, je les vois encore, — deux étoiles de Vénus qui scintillent doucement et que le soleil ne peut éteindre.

    intitulée Bérénice, il a mis en scène un monomane qui, se passionnant pour les dents de sa maîtresse, les revoit sans cesse et finit par les arracher pendant que sa bien-aimée est plongée dans un sommeil cataleptique. Le passage signalé me confirme dans l’opinion que Poe, tempérament nerveux par excellence, n’a souvent fait que reproduire ses sensations maladives. On devine alors par quelles souffrances il a dû acheter son droit de cité parmi les écrivains vraiment originaux. Lorsqu’il composait la nuit, Hoffmann se voyait parfois obligé de réveiller sa femme, dont la présence calmait l’effroi causé par le travail d’un cerveau surexcité ; je me figure que ce n’est qu’en tremblant pour l’équilibre de sa propre raison que l’auteur de Bérénice a décrit les hallucinations saisissantes de certains de ses personnages. (Note du traducteur.)