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Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/44

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vais la plus vive amitié. Nous avions étudié ensemble à l’université de C……, où nous nous étions beaucoup fréquentés. Il était ce que sont la plupart des hommes de génie, c’est-à-dire que son caractère offrait un mélange de misanthropie, de sensibilité et d’enthousiasme. Ajoutez à cela qu’il avait le cœur le plus loyal et le plus sincère qui ait jamais battu dans une poitrine d’homme.

Je remarquai qu’on avait cloué sa carte sur la porte de trois chambres ; je consultai de nouveau la liste et je vis qu’il avait retenu des places pour ses deux sœurs, sa femme et lui. Les cabines étaient assez grandes et renfermaient deux cadres placés l’un au-dessus de l’autre. Ces cadres, il est vrai, étaient trop étroits pour que deux personnes pussent y coucher ; mais cette circonstance ne m’expliquait pas pourquoi il avait fallu une troisième chambre pour ces quatre passagers.

À cette époque, je me trouvais justement dans une de ces dispositions d’esprit où il suffit d’une bagatelle pour exciter une curiosité anomale, et, je l’avoue à ma honte, je me livrai, à propos de cette chambre supplémentaire, à une foule de suppositions aussi absurdes qu’indiscrètes. Cela ne me regardait pas le moins du monde, j’en conviens ; mais je n’en mis pas moins d’obstination à vouloir résoudre l’énigme.