Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/95

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blaient pas de nature à irriter ou même à exciter une pauvre malade. Elle répondit de la façon la plus raisonnable à mes remarques ; bien plus, ses propres observations annonçaient un solide bon-sens ; mais une longue étude de la métaphysique de l’aliénation mentale m’avait appris à ne pas me fier à un pareil symptôme, et je ne me départis pas, durant le reste de l’entretien, de la réserve dont j’avais fait preuve dès le début.

Au bout de quelque temps, un domestique de bonne tenue et en livrée apporta un plateau chargé de fruits, de vin et d’autres rafraîchissements, dont je pris ma part, et la dame ne tarda pas à se retirer. Tandis qu’elle s’éloignait, j’adressai à mon hôte un coup d’œil interrogateur.

— Non, dit-il, oh non ! C’est une de mes parentes, — ma nièce, — une femme des plus accomplies.

— Je vous demande mille pardons de ma méprise, répliquai-je ; mais vous daignerez l’excuser. On connaît à Paris l’excellente méthode que vous avez adoptée, — j’ai cru qu’il était possible, vous savez…

— Comment donc ! Vous n’avez nullement à vous excuser, — ce serait plutôt à moi de vous remercier de votre louable discrétion. Il est rare de rencontrer tant de prévoyance chez un homme