Page:Poe - Derniers Contes.djvu/186

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mes brosses. C’était l’affaire d’une minute, et j’empochais un sixpence. Cela alla assez bien pendant quelque temps — de fait, je n’étais pas cupide, mais mon chien l’était. Je lui cédais le tiers de mes profits, mais il voulut avoir la moitié. Je ne pus m’y résoudre — nous nous querellâmes et nous séparâmes.

Je m’essayai ensuite pendant quelque temps à moudre de l’orgue, et je puis dire que j’y réussis assez bien. C’est un genre d’affaires fort simple, qui va de soi, et ne demande pas des aptitudes spéciales. Vous prenez un moulin à musique à un seul air, et vous l’arrangez de manière à ouvrir le mouvement d’horlogerie, et vous lui donnez trois ou quatre bons coups de marteau. Vous ne pouvez vous imaginer combien cette opération améliore l’harmonie et l’effet de l’instrument. Cela fait, vous n’avez qu’à marcher devant vous avec le moulin sur votre dos, jusqu’à ce que vous aperceviez une enseigne de tanneur dans la rue, et quelqu’un qui frappe habillé de peau de daim. Alors vous vous arrêtez, avec la mine d’un homme décidé à rester là et à moudre jusqu’au jour du jugement