Page:Poe - Derniers Contes.djvu/255

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« Sans contredit… »

« Non, monsieur ! »

« (Un hoquet) »

« Non, monsieur ! »

« Il est hors de doute que c’est un… »

« Non, monsieur, l’âme n’est pas cela du tout. » (Ici, le philosophe, lançant des regards foudroyants, se hâta d’en finir avec sa troisième bouteille de Chambertin.)

« Alors, (Un hoquet) dites-moi, monsieur, ce que c’est. »

« Ce n’est ni ceci ni cela, monsieur Bon-Bon, » répondit Sa Majesté, rêveuse. « J’ai goûté… je veux dire, j’ai connu de fort mauvaises âmes, et quelques-unes aussi — assez bonnes. » Ici, il fit claquer ses lèvres, et ayant inconsciemment laissé tomber sa main sur le volume de sa poche, il fut saisi d’un violent accès d’éternuement.

Il continua :

« Il y a eu l’âme de Cratinus — passable ; celle d’Aristophane, — un fumet tout à fait particulier ; celle de Platon — exquise — non pas votre Platon, mais Platon, le poète comique ; votre Platon aurait retourné l’estomac de Cerbère. Pouah ! — Voyons, encore ! Il y a eu Nœvius Andro-