Page:Poe - Derniers Contes.djvu/317

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J’aperçois les lumières du village
Luire à travers la pluie et la brume,
Et un sentiment de tristesse m’envahit,
Auquel mon âme ne peut résister ;

Un sentiment de tristesse et d’angoisse
Qui n’a rien de la douleur,
Et qui ne ressemble au chagrin
Que comme le brouillard ressemble à la pluie.

Viens, lis-moi quelque poème,
Quelque simple lai, dicté par le cœur.
Qui calmera cette émotion sans repos,
Et bannira les pensées du jour.

Non pas des grands maîtres anciens,
Ni des bardes-sublimes
Dont l’écho des pas lointains retentit
À travers les corridors du temps.

Car, de même que les accords d’une musique martiale,
Leurs puissantes pensées suggèrent
Les labeurs et les fatigues sans fin de la vie ;
Et ce soir j’aspire au repos.

Lis-moi dans quelque humble poète,
Dont les chants ont jailli de son cœur,
Comme les averses jaillissent des nuages de l’été,
Ou les larmes des paupières ;

    « Une seule plume qui tombe ne peint que bien imparfaitement la toute-puissance envahissante des ténèbres ; mais une objection plus spéciale se peut tirer de la comparaison d’une plume avec la chute d’une autre. La nuit est personnifiée par un oiseau, et les ténèbres, qui sont la plume de cet oiseau, tombent de ses ailes, comment ? comme une autre plume tombe d’un autre oiseau. Oui, c’est bien cela. La comparaison se compose de deux termes identiques — c’est-à-dire, qu’elle est nulle. Elle n’a pas plus de force qu’une proposition identique en logique. »