Page:Poe - Derniers Contes.djvu/322

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tations de la vraie Beauté. Mais c’est comme dit le poète :


Un sentiment de tristesse et d’angoisse
Qui n’a rien de la douleur,
Et qui ne ressemble au chagrin,
Que comme le brouillard ressemble à la pluie.


Cette teinte apparaît clairement même dans un poème cependant si plein de fantaisie et de brio, le Toast d’Edward Coote Pinkney[1].


Je remplis cette coupe à celle qui est faite
De beauté seule —
Une femme, de son gracieux sexe
L’évident parangon ;
À qui les plus purs éléments
Et les douces étoiles ont donné
Une forme si belle que, semblable à l’air,
Elle est moins de la terre que du ciel.

Chacun de ses accents est une musique qui lui est propre,
Semblables à ceux des oiseaux du matin,
Et quelque chose de plus que la mélodie
Habite toujours en ses paroles ;
Elles sont la marque de son cœur,
Et de ses lèvres elles coulent
Comme on peut voir les abeilles chargées
Sortir de la rose.

  1. Poète américain, professeur à l’Université de Maryland, mort à l’âge de vingt-six ans, 1828. En 1825, il publia à Baltimore le volume de poésies d’où celle que cite Poe est tirée. Ce volume fut accueilli en Amérique par les éloges les plus enthousiastes.