Page:Poe - Derniers Contes.djvu/330

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Voyez ses vêtements
Qui collent à son corps comme des bandelettes ;
Pendant que l’eau continuellement
Dégoutte de sa robe ;
Prenez-la bien vite
Amoureusement, et sans dégoût.

Ne la touchez pas avec mépris ;
Pensez à elle tristement,
Doucement, humainement ;
Ne songez pas à ses taches.
Tout ce qui reste d’elle
Est maintenant fémininement pur.

Ne scrutez pas profondément
Sa révolte
Téméraire et coupable ;
Tout déshonneur est passé,
La mort ne lui a laissé
Que la beauté.

Silence pour ses chutes,
Elle est de la famille d’Ève —
Essuyez ses pauvres lèvres
Qui suintent si visqueuses.
Relevez ses tresses
Échappées au peigne,
Ses belles tresses châtaines,
Pendant qu’on se demande, dans l’étonnement :
Où était sa demeure ?

Qui était son père ?
Qui était sa mère ?
Avait-elle une sœur ?
Avait-elle un frère ?
Ou avait-elle quelqu’un de plus cher
Encore, et qui lui tenait de plus près
Encore que tous les autres ?