Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/156

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Au bout de quelques minutes, sa voix se fit entendre de nouveau. Il annonçait qu’il avait atteint la septième branche.

— Maintenant, Jup, cria Legrand, en proie à une agitation manifeste, il faut que tu trouves le moyen de t’avancer sur cette branche aussi loin que tu pourras. Si tu vois quelque chose de singulier, tu me le diras.

Dès lors, les quelques doutes que j’avais essayé de conserver relativement à la démence de mon pauvre ami disparurent complètement. Je ne pouvais plus ne pas le considérer comme frappé d’aliénation mentale, et je commençai à m’inquiéter sérieusement des moyens de le ramener au logis. Pendant que je méditais sur ce que j’avais de mieux à faire, la voix de Jupiter se fit entendre de nouveau.

— J’ai bien peur de m’aventurer un peu loin sur cette branche ; — c’est une branche morte presque dans toute sa longueur.

— Tu dis bien que c’est une branche morte, Jupiter ? cria Legrand d’une voix tremblante d’émotion.

— Oui, massa, morte comme un vieux clou de porte, c’est une affaire faite, — elle est bien morte, tout à fait sans vie.

— Au nom du ciel, que faire ? demanda Legrand, qui semblait en proie à un vrai désespoir.

— Que faire ? dis-je, heureux de saisir l’occasion pour placer un mot raisonnable : retourner au logis et nous aller coucher. Allons, venez ! — Soyez gentil, mon