Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— L’œil gauche du crâne est aussi du même côté que la main gauche du crâne ? — Mais le crâne n’a pas de mains du tout ! — Cela ne fait rien ! j’ai trouvé l’œil gauche, — voilà l’œil gauche ! Que faut-il faire, maintenant ?

— Laisse filer le scarabée à travers, aussi loin que la ficelle peut aller ; mais prends bien garde de lâcher le bout de la corde.

— Voilà qui est fait, massa Will ; c’était chose facile de faire passer le scarabée par le trou ; — tenez, voyez-le descendre.

Pendant tout ce dialogue, la personne de Jupiter était restée invisible ; mais l’insecte qu’il laissait filer apparaissait maintenant au bout de la ficelle, et brillait comme une boule d’or brunie aux derniers rayons du soleil couchant, dont quelques-uns éclairaient encore faiblement l’éminence où nous étions placés. Le scarabée en descendant émergeait des branches, et, si Jupiter l’avait laissé tomber, il serait tombé à nos pieds. Legrand prit immédiatement la faux et éclaircit un espace circulaire de trois ou quatre yards de diamètre, juste au-dessous de l’insecte, et, ayant achevé cette besogne, ordonna à Jupiter de lâcher la corde et de descendre de l’arbre.

Avec un soin scrupuleux, mon ami enfonça dans la terre une cheville, à l’endroit précis où le scarabée était tombé, et tira de sa poche un ruban à mesurer. Il l’attacha par un bout à l’endroit du tronc de l’arbre qui était le plus près de la cheville, le déroula jusqu’à