Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/179

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arrivassent le seul jour de toute l’année où il a fait, où il a pu faire assez froid pour nécessiter du feu ; et, sans ce feu et sans l’intervention du chien au moment précis où il a paru, je n’aurais jamais eu connaissance de la tête de mort et n’aurais jamais possédé ce trésor.

— Allez, allez, — je suis sur des charbons.

— Eh bien, vous avez donc connaissance d’une foule d’histoires qui courent, de mille rumeurs vagues relatives aux trésors enfouis quelque part sur la côte de l’Atlantique, par Kidd et ses associés ? En somme, tous ces bruits devaient avoir quelque fondement. Et si ces bruits duraient depuis si longtemps et avec tant de persistance, cela ne pouvait, selon moi, tenir qu’à un fait, c’est que le trésor enfoui était resté enfoui. Si Kidd avait caché son butin pendant un certain temps et l’avait ensuite repris, ces rumeurs ne seraient pas sans doute venues jusqu’à nous sous leur forme actuelle et invariable. Remarquez que les histoires en question roulent toujours sur des chercheurs et jamais sur des trouveurs de trésors. Si le pirate avait repris son argent, l’affaire en serait restée là. Il me semblait que quelque accident, par exemple la perte de la note qui indiquait l’endroit précis, avait dû le priver des moyens de le recouvrer. Je supposais que cet accident était arrivé à la connaissance de ses compagnons, qui autrement n’auraient jamais su qu’un trésor avait été enfoui, et qui, par leurs recherches infructueuses, sans guide et sans notes positives, avaient donné naissance à cette rumeur universelle et à ces légendes aujourd’hui si communes.