Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/20

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Il revint à Richmond en 1822, et continua ses études en Amérique, sous la direction des meilleurs maîtres de l’endroit. À l’université de Charlottesville, où il entra en 1825, il se distingua non-seulement par une intelligence quasi miraculeuse, mais aussi par une abondance presque sinistre de passions, — une précocité vraiment américaine, — qui, finalement, fut la cause de son expulsion. Il est bon de noter en passant que Poe avait déjà, à Charlottesville, manifesté une aptitude des plus remarquables pour les sciences physiques et mathématiques. Plus tard, il en fera un usage fréquent dans ses étranges contes, et en tirera des moyens très-inattendus. Mais j’ai des raisons de croire que ce n’est pas à cet ordre de compositions qu’il attachait le plus d’importance, et que — peut-être même à cause de cette précoce aptitude — il n’était pas loin de les considérer comme de faciles jongleries, comparativement aux ouvrages de pure imagination. — Quelques malheureuses dettes de jeu amenèrent une brouille momentanée entre lui et son père adoptif, et Edgar — fait des plus curieux et qui prouve, quoi qu’on ait dit, une dose de chevalerie assez forte dans son impressionnable cerveau, — conçut le projet de se mêler à la guerre des Hellènes et d’aller combattre les Turcs. Il partit donc pour la Grèce. — Que devint-il en Orient ? qu’y fit-il ? Étudia-t-il les rivages classiques de la Méditerranée ? — pourquoi le trouvons-nous à Saint-Pétersbourg, sans passe-port, compromis, et dans quelle sorte d’affaire, obligé d’en appeler au ministre américain, Henry Middleton, pour échapper à la pénalité russe et retourner chez lui ? — on l’ignore ; il y a là une lacune que lui seul aurait pu combler. La vie d’Edgar Poe, sa jeunesse, ses aventures en Russie et sa correspondance ont été longtemps annoncées par les journaux américains et n’ont jamais paru.