Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/247

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pression de ce milieu éthéré dont je parlais tout à l’heure, et dont la densité est en proportion de la proximité du soleil ? Le phénomène qui affecte la forme lenticulaire et qu’on appelle la lumière zodiacale était aussi un point digne d’attention. Cette lumière si visible sous les tropiques, et qu’il est impossible de prendre pour une lumière météorique quelconque, s’élève obliquement de l’horizon et suit généralement la ligne de l’équateur du soleil. Elle me semblait évidemment provenir d’une atmosphère rare qui s’étendrait depuis le soleil jusque par delà l’orbite de Vénus au moins, et même, selon moi, indéfiniment plus loin. Je ne pouvais pas supposer que ce milieu fût limité par la ligne du parcours de la comète, ou fût confiné dans le voisinage immédiat du soleil. Il était si simple d’imaginer au contraire qu’il envahissait toutes les régions de notre système planétaire, condensé autour des planètes en ce que nous appelons atmosphère, et peut-être modifié chez quelques-unes par des circonstances purement géologiques, c’est-à-dire modifié ou varié dans ses proportions ou dans sa nature essentielle par les matières volatilisées émanant de leurs globes respectifs.

Ayant pris la question sous ce point de vue, je n’avais plus guère à hésiter. En supposant que dans mon passage je trouvasse une atmosphère essentiellement semblable à celle qui enveloppe la surface de la terre, je réfléchis qu’au moyen du très-ingénieux appareil de M. Grimm je pourrais facilement la condenser en suffisante quantité pour les besoins de la respiration.