Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/270

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sphère plus d’une heure, au maximum, était une chose absolument impossible ; et, en supposant ce terme poussé jusqu’à une heure un quart, les plus déplorables conséquences pouvaient en résulter. Cette cruelle alternative ne me causa pas peu d’inquiétude ; et l’on croira à peine qu’après les dangers que j’avais essuyés je pris la chose tellement au sérieux, que je désespérai d’accomplir mon dessein, et que finalement je me résignai à la nécessité d’une descente.

Mais cette hésitation ne fut que momentanée. Je réfléchis que l’homme est le plus parfait esclave de l’habitude, et que mille cas de la routine de son existence sont considérés comme essentiellement importants, qui ne sont tels que parce qu’il en fait des nécessités de routine. Il était positif que je ne pouvais pas ne pas dormir ; mais je pouvais facilement m’accoutumer à me réveiller sans inconvénient d’heure en heure durant tout le temps consacré à mon repos. Il ne me fallait pas plus de cinq minutes au plus pour renouveler complètement l’atmosphère ; et la seule difficulté réelle était d’inventer un procédé pour m’éveiller au moment nécessaire. Mais c’était là un problème dont la solution, je le confesse, ne me causait pas peu d’embarras.

J’avais certainement entendu parler de l’étudiant qui, pour s’empêcher de tomber de sommeil sur ses livres, tenait dans une main une boule de cuivre, dont la chute retentissante dans un bassin de même métal placé par terre, à côté de sa chaise, servait à le ré-