mesures urgentes. Cependant, arrivé à la porte de la maison du bourgmestre, le professeur s’avisa de suggérer que, le messager ayant jugé à propos de disparaître (terrifié sans doute jusqu’à la mort par la physionomie sauvage des habitants de Rotterdam), le pardon ne servirait pas à grand’chose, puisqu’il n’y avait qu’un homme de la lune qui pût entreprendre un voyage aussi lointain.
En face d’une observation aussi sensée, le bourgmestre se rendit, et l’affaire n’eut pas d’autres suites. Cependant, il n’en fut pas de même des rumeurs et des conjectures. La lettre, ayant été publiée, donna naissance à une foule d’opinions et de cancans. Quelques-uns — des esprits par trop sages — poussèrent le ridicule jusqu’à discréditer l’affaire et à la présenter comme un pur canard. Mais je crois que le mot canard est, pour cette espèce de gens, un terme général qu’ils appliquent à toutes les matières qui passent leur intelligence. Je ne puis, quant à moi, comprendre sur quelle base ils ont fondé une pareille accusation. Voyons ce qu’ils disent :
Avant tout, — que certains farceurs de Rotterdam ont de certaines antipathies spéciales contre certains bourgmestres et astronomes.
Secundo, — qu’un petit nain bizarre, escamoteur de son métier, dont les deux oreilles avaient été, pour quelque méfait, coupées au ras de la tête, avait depuis quelques jours disparu de la ville de Bruges, qui est toute voisine.