Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/349

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à dormir sans grande difficulté ; mais je fus désappointé quant aux autres résultats que sa constitution particulière m’avait naturellement fait espérer. Sa volonté n’était jamais positivement ni entièrement soumise à mon influence, et relativement à la clairvoyance je ne réussis à faire avec lui rien sur quoi l’on pût faire fond. J’avais toujours attribué mon insuccès sur ces points au dérangement de sa santé. Quelques mois avant l’époque où je fis sa connaissance, les médecins l’avaient déclaré atteint d’une phtisie bien caractérisée. C’était à vrai dire sa coutume de parler de sa fin prochaine avec beaucoup de sang-froid, comme d’une chose qui ne pouvait être ni évitée ni regrettée.

Quand ces idées, que j’exprimais tout à l’heure, me vinrent pour la première fois, il était très-naturel que je pensasse à M. Valdemar. Je connaissais trop bien la solide philosophie de l’homme pour redouter quelques scrupules de sa part, et il n’avait point de parents en Amérique qui pussent plausiblement intervenir. Je lui parlai franchement de la chose ; et, à ma grande surprise, il parut y prendre un intérêt très-vif. Je dis à ma grande surprise, car, quoiqu’il eût toujours gracieusement livré sa personne à mes expériences, il n’avait jamais témoigné de sympathie pour mes études. Sa maladie était de celles qui admettent un calcul exact relativement à l’époque de leur dénoûment ; et il fut finalement convenu entre nous qu’il m’enverrait chercher vingt-quatre heures avant le terme marqué par les médecins pour sa mort.