Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/355

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imperceptible, la respiration douce, à peine sensible, — excepté par l’application d’un miroir aux lèvres ; les yeux fermés naturellement, et les membres aussi rigides et aussi froids que du marbre. Toutefois, l’apparence générale n’était certainement pas celle de la mort.

En approchant de M. Valdemar, je fis une espèce de demi-effort pour déterminer son bras droit à suivre le mien dans les mouvements que je décrivais doucement çà et là au-dessus de sa personne. Autrefois, quand j’avais tenté ces expériences avec le patient, elles n’avaient jamais pleinement réussi, et assurément je n’espérais guère mieux réussir cette fois ; mais, à mon grand étonnement, son bras suivit très-doucement, quoique les indiquant faiblement, toutes les directions que le mien lui assigna. Je me déterminai à essayer quelques mots de conversation.

— Monsieur Valdemar, dis-je, dormez-vous ?

Il ne répondit pas, mais j’aperçus un tremblement sur ses lèvres, et je fus obligé de répéter ma question une seconde et une troisième fois. À la troisième, tout son être fut agité d’un léger frémissement ; les paupières se soulevèrent d’elles-mêmes comme pour dévoiler une ligne blanche du globe ; les lèvres remuèrent paresseusement et laissèrent échapper ces mots dans un murmure à peine intelligible :

— Oui ; je dors maintenant. Ne m’éveillez pas ! — Laissez-moi mourir ainsi !

Je tâtai les membres et les trouvai toujours aussi ri-