Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/366

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comme Trinculo son gouvernement. Bref je ne fus pas longtemps à m’apercevoir que, si l’homme doit être intellectuellement convaincu de sa propre immortalité, il ne le sera jamais par les pures abstractions qui ont été si longtemps la manie des moralistes anglais, français et allemands. Les abstractions peuvent être un amusement et une gymnastique, mais elles ne prennent pas possession de l’esprit. Tant que nous serons sur cette terre, la philosophie, j’en suis persuadé, nous sommera toujours en vain de considérer les qualités comme des êtres. La volonté peut consentir, — mais l’âme, — mais l’intellect, jamais.

Je répète donc que j’ai seulement senti à moitié, et que je n’ai jamais cru intellectuellement. Mais, dernièrement, il y eut en moi un certain renforcement de sentiment, qui prit une intensité assez grande pour ressembler à un acquiescement de la raison, au point que je trouve fort difficile de distinguer entre les deux. Je crois avoir le droit d’attribuer simplement cet effet à l’influence magnétique. Je ne saurais expliquer ma pensée que par une hypothèse, à savoir que l’exaltation magnétique me rend apte à concevoir un système de raisonnement qui dans mon existence anormale me convainc, mais qui, par une complète analogie avec le phénomène magnétique, ne s’étend pas, excepté par son effet, jusqu’à mon existence normale. Dans l’état somnambulique, il y a simultanéité et contemporanéité entre le raisonnement et la conclusion, entre la cause et