distinct et très-fortement accentué. Je n’ai pas toutefois l’intention d’affirmer que ce rapport s’étendît au delà des limites de la puissance somnifère ; mais cette puissance elle-même avait atteint une grande intensité. À la première tentative faite pour produire le sommeil magnétique, le disciple de Mesmer échoua complètement. À la cinquième ou sixième, il ne réussit que très-imparfaitement, et après des efforts opiniâtres. Ce fut seulement à la douzième que le triomphe fut complet. Après celle-là, la volonté du patient succomba rapidement sous celle du médecin, si bien que, lorsque je fis pour la première fois leur connaissance, le sommeil arrivait presque instantanément par un pur acte de volition de l’opérateur, même quand le malade n’avait pas conscience de sa présence. C’est seulement maintenant, en l’an 1845, quand de semblables miracles ont été journellement attestés par des milliers d’hommes, que je me hasarde à citer cette apparente impossibilité comme un fait positif.
Le tempérament de Bedloe était au plus haut degré sensitif, excitable, enthousiaste. Son imagination, singulièrement vigoureuse et créatrice, tirait sans doute une force additionnelle de l’usage habituel de l’opium, qu’il consommait en grande quantité, et sans lequel l’existence lui eût été impossible. C’était son habitude d’en prendre une bonne dose immédiatement après son déjeuner, chaque matin, ― ou plutôt immédiatement après une tasse de fort café, car il ne mangeait rien dans l’avant-midi, ― et alors il partait seul, ou seule-