une minute, à considérer tout cela comme un songe.
— Ce n’en était pas un, dit Templeton, avec un air de profonde solennité ; mais il serait difficile de dire quel autre terme définirait le mieux le cas en question. Supposons que l’âme de l’homme moderne est sur le bord de quelques prodigieuses découvertes psychiques. Contentons-nous de cette hypothèse. Quant au reste, j’ai quelques éclaircissements à donner. Voici une peinture à l’aquarelle que je vous aurais déjà montrée si un indéfinissable sentiment d’horreur ne m’en avait pas empêché jusqu’à présent.
Nous regardâmes la peinture qu’il nous présentait. Je n’y vis aucun caractère bien extraordinaire ; mais son effet sur Bedloe fut prodigieux. À peine l’eut-il regardée, qu’il faillit s’évanouir. Et cependant, ce n’était qu’un portrait à la miniature, un portrait merveilleusement fini, à vrai dire, de sa propre physionomie si originale. Du moins, telle fut ma pensée en la regardant.
— Vous apercevez la date de la peinture, dit Templeton ; elle est là, à peine visible, dans ce coin, ― 1780. C’est dans cette année que cette peinture fut faite. C’est le portrait d’un ami défunt, ― un M. Oldeb, ― à qui je m’attachai très-vivement à Calcutta, durant l’administration de Warren Hastings. Je n’avais alors que vingt ans. Quand je vous vis pour la première fois, monsieur Bedloe, à Saratoga, ce fut la miraculeuse similitude qui existait entre vous et le portrait qui me détermina à vous aborder, à rechercher votre amitié